Le débat sur le délai de carence
La question des jours de carence dans la fonction publique refait surface. Aujourd’hui fixé à un jour, le délai pourrait passer à trois jours pour les arrêts maladie. L’objectif affiché est de rapprocher le régime public de celui du privé et de limiter les absences de courte durée.
D’après une étude conjointe de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF), un allongement à trois jours représenterait :
environ 112 millions d’euros d’économies pour l’État,
près de 289 millions pour l’ensemble de la fonction publique.
À titre de comparaison, deux jours de carence permettraient seulement 67 et 174 millions d’euros d’économies.
Des conséquences sociales importantes
Si la mesure peut séduire sur le plan budgétaire, elle pose néanmoins plusieurs problèmes. En réduisant le taux de remplacement de la rémunération dès le début d’un arrêt, elle fragiliserait la protection des agents, les plaçant dans une situation plus défavorable que celle du secteur privé.
Les organisations syndicales pointent également un risque de stigmatisation : les agents publics seraient à nouveau désignés comme responsables d’un absentéisme coûteux, alors même que des facteurs comme l’âge ou la pénibilité de certains métiers expliquent en partie ces absences.
Vers 50 % de contractuels d’ici 2030
En parallèle, le Medef propose une évolution structurelle du statut de la fonction publique : augmenter la part des contractuels pour atteindre 50 % d’ici à 2030, contre 22 % aujourd’hui. Cette orientation s’inspire de modèles étrangers, comme la Suède ou le Portugal, où les recrutements sous contrat sont plus répandus.
L’idée est d’introduire davantage de souplesse et de performance dans la gestion des carrières publiques. Les contractuels, embauchés en CDD ou en CDI de droit privé, offriraient une plus grande flexibilité aux employeurs publics et permettraient d’adapter les rémunérations aux résultats obtenus.
Une réforme aux multiples enjeux
Ces deux évolutions traduisent une même tendance : celle d’une fonction publique davantage tournée vers l’efficacité économique et la flexibilité. Les avantages sont clairs : économies substantielles, modernisation de la gestion des ressources humaines et convergence accrue avec les pratiques du privé.
Mais les risques ne sont pas négligeables : perte de pouvoir d’achat pour les agents, précarisation accrue avec le recours massif aux contractuels, et interrogations sur la cohésion des services publics.
Conclusion
Entre économies budgétaires et garanties sociales, la fonction publique française se trouve face à un tournant. L’allongement du délai de carence et l’augmentation du nombre de contractuels pourraient profondément modifier son fonctionnement. La question centrale reste de savoir comment concilier efficacité et attractivité des métiers publics, sans fragiliser les agents qui en assurent la mission au quotidien.
Source : Capital
Le rôle de Cegape face à ces évolutions
Chez Cegape, nous suivons de près ces transformations qui impactent directement les employeurs publics et leurs agents. Nos formations en ressources humaines et en gestion des congés permettent d’accompagner les collectivités dans la compréhension et l’application de ces réformes. Elles offrent aux responsables RH les outils nécessaires pour anticiper les changements, adapter leurs pratiques et maintenir un dialogue social de qualité, tout en garantissant la continuité du service public.
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